



Et qu'est-ce qu'elle fait votre serviteuse le samedi ensoleillé, pendant que tout le monde profite du beau temps ? Nan pas la fête de l'Huma. Nan, pas profiter des parcs non plus, non... Cherchez bien. Ben quoi, aller, mieux que ça !!!
Oui, ce samedi, bravant les obstacles, après près d'une heure et demi de transports, dont RER et bus de banlieue, et accompagnée de mon Joël d'amour, je suis allée à Bonneuil sur Marne pour faire une séance de dédicace à l'espace culturel du Leclerc...
Bilan de cette après-midi : deux livres dédicacés, dont un que la dame n'a pas acheté, car elle pensait que c'était gratuit... en trois heure... Plus l'aller-retour à 10 euros, ça fait une journée assez rentable, non ?!!!
Mais, j'ai quand même fait trois très très belles rencontres qui valaient le coup : d'abord, le vigile du magasin est venu me voir et m'a raconté son histoire avec l'Ofpra, le refus de sa demande, son recours, le rejet de son recours, sa demande de réexamen, tout ça avec un avocat qui se sert au passage, et à chaque fois. Finalement, Jean n'aura pas l'asile. Mais heureusement, il rencontre une femme, venant de même pays que lui (République Démocratique du Congo) et qui a eu plus de chance que lui à l'Ofpra. Ils se marièrent, eurent trois enfants et essayèrent d'être le plus heureux possible dans un pays où ils ne sont pas toujours les bienvenus... "Au moins, mes enfants vivent en paix, ils vont à l'école, ils rient, ils jouent...Que Dieu vous bénisse Madame. Je ne peux pas acheter votre livre, car je ne m'en sors pas avec les factures, même si je fais deux boulots, mais je l'ai lu presque en entier dans les rayons de la librairie et sincèrement, que Dieu vous bénissent. Trop peu de français pensent comme vous, et encore moins nombreux sont ceux qui témoignent. Merci, vous êtes une bonne personne."
Waou ! Emue, moi ? Je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler ! Nan c’est rien, juste un peu de conjonctivite… Avant de partir du Leclerc, je voudrais offrir le livre à Jean, mais il est parti, ou il a changé de poste, en tous cas, je ne le trouve pas... Quel dommage ! Lui offrir un livre aurait de toutes façons été bien en dessous de la grandeur de son compliment, que je garde dans mon cœur, bien au chaud, comme un trésor…
Une femme, également originaire de RDC, est aussi passée au stand, pour me parler de son expérience en tant qu'interprète à l'Ofpra et à la Commission des Recours pendant un an et demi. Elle est encore visiblement très touchée par toutes les rencontres qu'elle y a fait et vraiment beaucoup besoin de parler. Beaucoup, et pendant longtemps. Et puis, elle repart, sans le livre, qu’elle achètera une prochaine fois, parce qu’en ce moment elle n’a pas le temps de lire…
Et puis, le collègue de Jean vient aussi me voir. Beaucoup plus timide et pudique. Il évoque simplement d'une voix triste son douloureux passage à l'Ofpra. Finalement, il a été régularisé car il souffre d'une maladie grave. Il repart aussi timidement qu'il était venu...
Et puis, passe cette femme qui feuillète le livre. Elle me demande de quoi parle le livre, et je lui explique.
- Ha d’accord. Et, heu… vous avez fait des refus ?
- Et bien oui, malheureusement, c’est même…
- C’est bien ! On peut quand même pas laisser tout le monde entrer comme ça en France. Il faut des règles, comme partout.
Elle repart. Fou rire nerveux avec Joël.
Passent les heures, puis ce couple, assez âgé, avec un accent (vous voulez dire, des étrangers ?!!!).
- Et alors, c’est quoi votre livre ? C’est sur la constitution européenne ?
Ha bah oui, voila, presque !!! J’explique au Monsieur de quoi parle le livre, et ce que c’est que l’Ofpra.
- Donc, si je comprends bien, il suffit de dire « Je suis immigré » et on a le statut de réfugié ?
- Ben non, en fait c’est pl…
- Ha bon tant mieux, c’est déjà ça ! Allez, au revoir !